En fait, j’ai re-découvert " systématiquement " les romans de Jules Verne vers 20 ans, lors des rééditions en Livre de Poche, qui convenaient à mon budget d’étudiant. C’est alors Le Rayon vert qui m’a le plus passionné, à la fois pour le phénomène optique, l’histoire d’amour et la description des paysages écossais.

Q-03 Actualité :
Quelle place Jules Verne a-t-il désormais dans votre vie ? Quel regard portez-vous aujourd’hui sur ses ouvrages ?

J’ai écrit en 1988 un petit texte, sans prétention, sur le côté " écolo " de Jules Verne, et j’ai eu le plaisir de le voir accepté par le Bulletin. Puis j’ai recherché la place de la chimie dans les romans verniens ; et j’ai continué avec d’autres aspects, produisant ainsi quelques articles qui ont été publiés dans diverses revues (L’Actualité Chimique ; BSJV ; Verniana). Les ouvrages d’études sur l’auteur, fortement annotés, occupent maintenant une place de choix dans les rayons de ma bibliothèque, aux côtés des romans (en format de poche) et des anciens Bulletins de la Société que j’ai achetés au fur et à mesure de mes centres d’intérêt.

Q-04 Géographie :
Quel pays évoqué par Jules Verne vous a fait le plus rêver ? L’avez-vous depuis visité ? Que gardez-vous de la confrontation entre votre souvenir de lecture et la réalité découverte sur place ?

L’Afrique noire décrite dans Un capitaine de quinze ans, mais aussi celle racontée par mon oncle, qui avait été un missionnaire Père Blanc en Haute-Volta (maintenant le Burkina Faso). J’ai longtemps rêvé d’y aller, sur leurs traces à tous les deux, mais cela ne s’est jamais fait…
Mais je dois citer aussi le monde souterrain, présent notamment dans le Voyage au centre de la Terre et dans Les Indes Noires ; de par mon activité de (géo)chimiste, j’ai eu l’occasion de visiter plusieurs mines souterraines et de ressentir l’isolement oppressant qui y règne. Mais je n’ai jamais éprouvé des aventures proches de celles de mes lectures !

Q-05 Science :
Quelle est la machine vernienne (ou l’invention) qui vous fascine le plus ? Que représente-t-elle à vos yeux ?

La forme d’électricité inconnue qui propulse le Nautilus et pourvoit à ses besoins, car elle « n’est pas celle de tout le monde », comme l’affirme le capitaine Nemo : sans doute une prescience de l’énergie nucléaire ?

Q-06 Personnalité :
Quel personnage de Jules Verne est le plus réussi selon vous ou vous intéresse le plus ?

Il s’agit, sans hésiter, de Cyrus Smith qui, naufragé sur L’Île mystérieuse, fait redécouvrir pas à pas les principales inventions techniques (dont la chimie industrielle) à ses compagnons d’infortune. Mais j’avoue aussi avoir un faible pour le Docteur Ox et son assistant Ygène ...

Q-07 « Proust » :
Quel défaut ou quelle faute des romans verniens vous inspire le plus d'indulgence ?

Quand j’étais adolescent, j’ai parfois été irrité par les pages d’énumérations savantes, qui me semblaient interminables et retardaient la découverte de l’action du roman. Puis, aux lectures suivantes j’ai appris à apprécier ces listes descriptives, car elles replacent l’histoire dans un contexte général et lui apportent plus de crédibilité.

Q-08 « ABC » :
Quelle expression aimeriez-vous formuler avec les initiales de Jules Verne (ou Jules Gabriel Verne) ?

« Jamais Vert » – par allusion à son échec d’entrer à l’Académie, et donc de porter le fameux " habit vert ".

Q-09 « Voyage dans le temps… » :
Si Jules Verne avait pu être transporté dans le XXIe siècle que nous connaissons, quelle invention ou quel progrès aurait pu inspirer son âme créatrice ?

Je crois qu’il aurait été fasciné par ce que l’on désigne par l’intelligence artificielle, qui permet tant d’applications augmentant les capacités humaines… mais aussi qui renforce l’espionnage de nos activités.

Q-10 farfelue :
Si vous deviez lancer une rumeur à propos de Jules Verne, quelle serait-elle ?

« Verne a-t-il été le " nègre " de Zola ? »
Découverts dans le double fond d’un confiturier, lors d’un vide-grenier à Médan (Yvelines), des documents manuscrits (dont des échanges de courriers entre les deux écrivains) permettent de penser que c’est Jules Verne l’auteur de la série de romans des " Rougon-Macquart " ! Sachant que ces histoires naturalistes, formant une véritable " saga " familiale et non plus géographique, ne seraient pas acceptées par Hetzel père et fils, il les aurait données (ou vendues, cela n’apparaît pas clairement dans les documents découverts… ) à Émile Zola, afin d’en assurer la publication.