bulletin de la Société Jules Verne


196 Mai 2018

[ TABLE DES MATIÈRES

2 LA RÉDACTION :
Éditorial
3_4 LA RÉDACTION :
Actualités
4_6 LA RÉDACTION :
Errata
6_7 L. Sudret :
L’Assemblée générale 2017 à Amiens
7 B. Lacaze :
Cérémonie en l’honneur de Robert Taussat
Dossier Illustrateurs et illustrations
8_27 A. Lemonnier-Mercier :
Édouard Riou 1833-1900. Premier illustrateur des Voyages extraordinaires
28_32 A. Tarrieu :
Adrien Marie (1848-1891)
33_45 T. Goupil :
Quand l’univers delvalien rencontre l’univers vernien : Jules Verne et la peinture de Paul Delvaux :
46_62 L. Sudret et L. Metery :
L’Île mystérieuse – une adaptation peu connue
62_75 V. Dehs :
Impressions d’Écosse. Où il est question de photographies et quelques dessins de Léon Benett
Comptes rendus
75_79 A. Pérez :
Les illustrations Hetzel au découvert
80_83 V. Dehs :
Entre obsessions et contraintes. Aspects d’une collaboration déroutante
84_86 J.-C. Bollinger :
De la presse médicale. La santé de Jules Verne revisitée
87_90 V. Dehs :
Des Voyageurs bien servis
Articles divers
91_98 V. Dehs :
La Conquête scientifique et économique du globe par Gabriel Marcel (et Jules Verne)
99_110 J.-L. Mongin :
Vous avez dit Olszewicz ???
111_117 J. Crovisier :
La deuxième facette d’Alcide Pierdeux
118_120
Table des illustrations

[ Éditorial

L’année du 190e anniversaire de Jules Verne est paradoxalement marquée par toute une série de publications intéressantes sur son fils Michel, parues et à paraître : en attendant l’édition commentée de la correspondance entre MM. Verne père et fils, une anthologie des écrits de Michel Verne a paru en langue allemande1 et une édition analogue en anglais paraîtra aux États-Unis. Une monographie très attendue de Brian Taves sur les activités cinématographiques de Michel Verne se prépare également aux États-Unis alors qu’une biographie novatrice de l’écrivain en allemand, due à Ralf Junkerjürgen, sera consacrée en grande partie aux relations difficiles entre les deux hommes, analysées avec lucidité et sans parti pris. Nous y reviendrons.

Dans ce même domaine, le numéro actuel du Bulletin présente des éléments nouveaux, grâce aux patientes recherches de Philippe Burgaud et Jean Demerliac. Si la plupart des films réalisés par Michel Verne sont perdus ou attendent d’être retrouvés, les documents sur leur gestation et leur lancement qui subsistent présentent en même temps d’intéressantes informations sur les débuts de ce nouveau genre qu’était alors le cinéma. Non moins étonnante est la découverte d’un autre roman réécrit par le fils sous le titre accrocheur Le Vengeur des morts. Michel Verne ne laisse pas de nous étonner et il est probable que l’avenir nous réservera maintes surprises qui apporteront des éclairages inattendus sur la genèse et la réception des Voyages extraordinaires.

Un des titres les moins connus de Jules Verne est ensuite examiné par Jean-Louis Mongin et Volker Dehs. Considéré – à tort ou à raison – comme un roman dénué d’intérêt, Bourses de voyage (1903) offre néanmoins un éventail d’aspects curieux qui méritent présentation et analyse.

Tous ces articles sont complétés par une nouvelle rubrique dans nos colonnes – «Les mille yeux de Tarrieu» que les lecteurs de la Revue Jules Verne d’Amiens n’auront pas oubliée – et par les «Repères bibliographiques» actuels.
La rédaction.

1 Voir les « Repères bibliographiques » dans ce numéro, p. 98.

[ Un centenaire: Les Indes-Noires, le deuxième (?) film de Michel Verne


Par Philippe Burgaud


Alors qu’il est encore sous contrat avec la société Eclair1, Michel Verne entreprend la réalisation d’une adaptation du roman de son père, Les Indes-Noires. Nous avions peu d’informations jusqu’à présent sur ce film. Heureusement, de même que des journaux autrichiens ont permis de se faire une bonne idée du film L’Étoile du Sud2, un programme de l’Aubert-Palace et diverses publicités dans la presse néerlandaise spécialisée sur le cinéma permettent enfin de connaître le scénario de ce film.

Il faut noter à cette occasion que Louis Aubert (1878-1944) s’était lancé dans la production cinématographique, après avoir été d’abord loueur de films avec les Établissements Aubert, créés en 1909, puis exploitant de nombreuses salles de cinéma à Paris. Puis, « pour soutenir l’industrie cinématographique » pendant la guerre, il avait inauguré en mai 1915 avec l’aide de Serge Sandberg un nouvel établissement, boulevard des Italiens : les Nouveautés-Aubert-Palace3.

Il semble bien que c’est à la fois avec la Société Éclair et avec l’appui de Louis Aubert que Michel put réaliser ce nouveau film adapté d’un roman de son père. Mais revenons au film lui-même. Il est généralement présenté comme un film en quatre parties, même si certaines annonces de la presse régionale parlent d’un film en trois parties. Le supplément de la revue néerlandaise De Bioscoop-Courant4 présente à ses lecteurs un résumé du film, « drame fantastique en quatre parties », qui se joue dans cette mine de charbon :

Première partie : La mine de charbon épuisée

La mine d’Aberfoyle avait connu des jours prospères, ou des armées entières d’ouvriers avaient extrait le précieux charbon. Mais la mine est à présent épuisée et l’ingénieur en chef a décidé de licencier son personnel. On est maintenant obligé de quitter ce sombre royaume souterrain, d’abandonner la ville mystérieuse avec tous ses chemins identiques et à nouveau reprendre une vie normale de citoyens, ce qui est pour un mineur un bien triste sort. Pour la dernière fois, les ouvriers ont répondu à l’appel de leur chef. Ils veulent faire leurs adieux à ceux qui les guidaient dans leur lutte quotidienne contre la nature rebelle. Certains d’entre eux ont les larmes aux yeux à cause de leur impuissance; en dehors des mines, ils se sentent abandonnés à une existence incertaine.

Le surveillant de la mine Simon Ford, qui ne veut pas admettre que la mine est réellement épuisée, croit qu’il existe encore des veines de charbon cachées, dont l’exploitation rapportera des trésors à ceux qui en feront la découverte. Pendant que ses amis s’éloignent vers d’autres contrées, il décide, fort convaincu de sa réussite, de se construire dans la mine une habitation et d’y continuer ses investigations.

Le long du chemin, que les mineurs accablés empruntent, se promène aussi Silfax, la tête courbée par le poids des ans et la tristesse du départ. Dans le lointain, brille une lueur rousse, des flammes hautes se profilent. C’est sa maison qui est en train de brûler. Il se dépêche pour aider les siens, mais trop tard ! Malgré tous ses efforts, sa femme et sa fille périssent dans les flammes. Il arrive seulement à sauver sa petite-fille Nell, une enfant de cinq ans.

Il est tellement affecté par la soudaineté de ce malheur qu’il en perd la raison. D’un coup il se retrouve seul sur terre et fuit en tenant le corps frêle de la jeune enfant dans ses bras. Et pendant que Simon Ford fait livrer les matériaux nécessaires à la construction de sa maison, Silfax se réfugie et erre aussi loin que possible dans les grottes et les chemins obscurs.

Inconsciente de son destin étrange, l’orpheline vit maintenant dans un monde mystérieux avec comme seul guide de son existence malheureuse, un fou dont l’esprit confus veut se venger de tous ses compagnons, les estimant responsables du grand malheur qui s’est abattu sur lui.

Deuxième partie : L’ennemi invisible

Après douze années de travaux ininterrompus, Simon Ford pense enfin avoir atteint son but. Il a découvert du gaz (grisou), une preuve certaine de la présence de charbon à proximité. Mais pendant qu’il part annoncer la bonne nouvelle à sa femme, apparaît une silhouette étrange, la tête cachée dans une lourde capuche. La main tremblante de colère, Silfax, car il est l’apparition étrange, bouche l’ouverture par laquelle le gaz s’échappe.

Simon Ford écrit à son fils Harry Ford, qui est ingénieur à Edimbourg, afin qu’il revienne prendre en charge la direction de la nouvelle exploitation minière. Celui-ci arrive aussitôt, et en compagnie de son père, il se met en route afin de découvrir la nouvelle mine. Avec virulence la femme de Simon veut participer à cette expédition et après quelques résistances, arrive à ses fins [illus. 5 et 6]. Ford découvre qu’une main étrangère a bouché l’ouverture par laquelle s’échappe le gaz, mais il ne se laisse pas arrêter pour autant. Ils font exploser la paroi et découvrent derrière une grande grotte. Ils y pénètrent sans prendre garde qu’un ennemi mystérieux les suit, en colère parce qu’ils ont osé pénétrer dans sa demeure.

L’inconnu bouche l’ouverture par laquelle ils sont entrés. Ainsi enfermés dans cette grotte inconnue, aucune aide humaine ne pourra leur parvenir et ils seront condamnés à mourir de faim. Harry Ford essaie avec un pic de rouvrir le mur fermé, mais une main invisible lui arrache l’outil qui pouvait leur offrir la seule chance de survie.

Les prisonniers, épuisés, ont perdu connaissance faute de moyens de subsistance. Nell, la petite-fille de Silfax, s’approche tout doucement, afin de sauver les victimes du vieux mineur. Elle apporte une cruche d’eau ainsi qu’un bâton de dynamite et un pic qui vont leur permettre de s’échapper de leur prison.

Harry Ford qui a repris conscience avec l’eau dont elle a humecté son front, l’entrevoit encore juste au moment où elle s’enfuit comme une ombre. L’ingénieur étonné ne sait pas s’il doit la considérer comme un rêve ou une réalité ; il ranime ses compagnons, et, ensemble, grâce à ce que Nell leur a apporté, ils retrouvent leur liberté.

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Silfax Cinémathèque française, fonds Sandberg.. Avec l’aimable autorisation de Marc Sandberg. 


bulletin de la société jules verne

195 Novembre 2017

[ Vous avez dit Olszewicz ???

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bulletin de la société jules verne

197 Novembre 2018

[ Raymond Queneau, lecteur de Jules Verne

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