bulletin de la Société Jules Verne


191 Avril 2016

[ TABLE DES MATIÈRES

Page 1 LA RÉDACTION :
Éditorial
Page 2 J-Y. PAUMIER :
L’Assemblée générale du 15 mai 2015 à Nantes
Page 5 Ph. LANGUENEUR :
Le Secret du Minotaure. Le cinquantenaire de la Société Jules Verne à Nantes
Page 13 R. DUCREST de VILLENEUVE :
Mes grand-parents Verne (1928/29)
Page 20 V. DEHS :
MM. Verne père et fils ( avec des inédits de Pierre et Jules Verne )
Page 30 V. DEHS :
Les ascensions de Paul ( et Jules? ) Verne
Page 34 MAURICE VERNE :
Voyage à bord du Saint-Michel (1884)
Page 58 V. DEHS :
Le fond nantais des manuscrits de Jules Verne
Page 64 LA RÉDACTION :
Repère bibliographique 2015
Page 81
Tables des illustrations

[ Éditorial

Le voyage commémoratif par lequel nous fêtons le cinquantenaire de notre association et de son Bulletin nous mènera cette année de Nantes à Amiens. Il commence dans ce numéro tout naturellement dans la ville natale de Jules Verne. Une assemblée générale ordinaire, mais qui était en effet extraordinaire, y a eu lieu en mai 2015, soigneusement préparée par Jean-Yves Paumier et Xavier Noël, avec le soutien appuyé d’Agnès Marcetteau, Olivier Sauzereau et l’équipage de la réplique du Saint-Michel II. Que tous soient chaleureusement remerciés pour l’organisation parfaite de ces journées !

Philippe Langueneur partage ici ses impressions avec tous ceux qui n’ont pas pu y assister. S’ajoutent des textes et documents iconographiques inédits de Jules Verne et de sa famille nantaise, certains complètement inconnus, un autre considéré comme perdu depuis plus de 80 ans, que nous laissons à nos lecteurs le plaisir de découvrir.

L’inventaire des manuscrits archivés à la Bibliothèque municipale de Nantes fait pendant à celui du fonds amiénois (publié dans le dernier numéro) et permettra à tous les verniens intéressés d’initier des recherches plus poussées. Cette liste est suivie par les repères bibliographiques annuels. La rédaction tient à rappeler que vos contributions seront toujours les bienvenues. Dans un futur plus ou moins proche, nous projetons un numéro-canular ainsi qu’un dossier qui sera consacré aux illustrateurs de Jules Verne et nous engageons vivement nos lecteurs à nous soumettre d’éventuelles contributions à ces sujets.

La rédaction.

[ Voyage à bord du Saint Michel (1884)


Par Maurice Verne

Nous savons que Maurice Verne (1862-1947), le deuxième fils de Paul, avait rédigé des notes sur la grande croisière du Saint-Michel en Méditerranée, entreprise en 1884, car Marguerite Allotte de la Fuÿe en avait publié quelques extraits dans sa biographie. Le manuscrit autographe de ce document n’a pas encore été retrouvé, mais Jean Jules-Verne, lorsqu’il préparait la biographie de son grand-père, parue en 1973, en a établi ou a fait établir une copie dactylographiée, actuellement conservée à la Bibliothèque municipale de Nantes1. Vu le caractère spécial de ce texte – il s’agit de notes succinctes non destinées à la publication, puis dactylographiées évidemment à la hâte, nous avons cru opportun de suppléer à l’orthographe en général ainsi qu’à la graphie des patronymes et toponymes en particulier, car des erreurs dues au déchiffrement du manuscrit ou à des fautes de frappe paraissent avoir défiguré le texte original. Nous réservons un [sic] ou une note en bas de page à quelques cas exceptionnels.

Il sera intéressant de comparer le texte suivant avec les notes de Jules Verne, encore en grande partie inédites et qui se trouvent à la Bibliothèque municipale d’Amiens2. La perception des deux voyageurs était manifestement différente voire complémentaire, d’autant plus qu’ils n’ont pas toujours participé aux mêmes excursions. En attendant, nous signalons en note les documents déjà publiés relatifs à ce voyage et les variantes des extraits donnés par Marguerite Allotte de la Fuÿe, qui font preuve, une fois de plus, de la curieuse manière dont elle manipulait ses sources. L’annotation a été établie par Volker Dehs et Jean-Yves Paumier. Les images d’époque illustrant les principales étapes du voyage datent d’entre 1868 et 1930.
La rédaction.


Saint-Michel, yacht de 100 tonneaux – gréé en goëlette – machine = 100 chevaux – vitesse 8 nœuds – propriétaire Jules Verne – Capitaine Ollive – équipage – un second, deux matelots, un novice, un mousse et un cuisinier – machine = un mécanicien et deux chauffeurs – Départ de Nantes le 13 mai 18843 – Passagers = MM. Jules, Paul et Maurice Verne.

Départ de Nantes à 4 heures du matin – le temps est incertain et couvert – arrivée à Saint-Nazaire à 7 heures – nous débarquons le pilote et nous nous mettons en route pour Lisbonne directement – le temps se découvre et devient beau – nous passons devant le phare du Pilier4 point de départ de notre route – toute la journée beau temps mais avec forte houle – ce qui occasionne quelques désagréments, tel que celui du cuisinier vomissant dans les plats – il est obligé d’aller se coucher, et le novice le remplace dans ses fonctions – Le premier jour se passe dans un malaise général – premier jour de mer – nous marchons en moyenne à 8 milles à l’heure, c’est-à-dire 192 milles ou 64 lieues en 24 heures – toute la journée la houle n’avait fait qu’augmenter – aussi le soir après le coucher du soleil, le vent s’élève et commence à souffler – vers 10 heures la situation commence à s’aggraver, la mer commençait à être démontée et le vent prenait d’instants en instants une intensité plus grande, ce que voyant mon père il fit virer de bord et nous mettons le cap sur Belle-Île – nous étions alors à 120 milles au large – La nuit fut très mauvaise et le bateau quoiqu’appuyé par ses voiles roulait d’une manière épouvantable.

Mercredi 14 mai 1884 – Le matin l’état de la mer était épouvantable à voir, à chaque coup de roulis nos embarcations touchaient la mer – le vent soufflait de l’Ouest – le bateau s’est néanmoins très bien comporté il n’a pas embarqué une goutte d’eau – à 30 milles de Belle-Île rencontre d’un pilote qui essaie de nous fuir, mais en vain – selon lui le vent était une brise à trois ris – c’est-à-dire un coup de vent d’Ouest – à midi nous mouillons devant Belle-Île pour attendre la marée – à 4 heures nous rentrons dans le port –

Jeudi 15 mai – Nous passons la journée à Belle-Île – promenade au phare par une chaleur tropicale – Constipation générale – absorption d’une grande quantité de lait pour faire couler – résultat très détonnant –

Vendredi 16 mai – Départ de Belle-Île à sept heures non sans peine, car étant dans les marées mortes nous n’avions plus assez d’eau pour franchir la souille faite par la quille du navire – beau temps avec houle – un poulet s’échappe et tombe à la mer – le soir nous arrivons aux Sables-d’Olonne, nous y passons la nuit – femmes courtes vêtues, épaules très hautes, sans cou.

Samedi 17 mai – départ des Sables d’Olonne – beau temps pendant toute la journée ; bielle s’échauffe, le robinet d’arrosage étant cassé. Le soir nous apercevons les côtes d’Espagne qui se voient de très loin vu leur grande hauteur – après le coucher du soleil la brise fraîchit – nous mettons les voiles, mais une heure après nous sommes obligés de la carguer le vent commençant à souffler avec violence du nord – pendant la nuit qui fut mauvaise nous doublons le cap Finistère, nous arrivons devant La Corogne, mais il nous fut impossible d’y entrer pendant la nuit ; la mer étant démontée nous ne pouvions rester là pour attendre le jour, aussi nous filons sur Vigo.

Dimanche5

Lundi 19 mai – Nous avions vent arrière, la machine n’étant qu’à deux dixièmes. J’étais obligé de m’arcbouter dans mon lit pour ne pas tomber – le matin nous nous approchons de la côte pour reconnaître l’entrée de la baie de Vigo ; fermée par trois îles – enfin nous atteignons l’entrée où nous prenons un pilote. La mer était si forte que même dans la baie nous roulions encore – à 1 heure nous jetons l’ancre devant Vigo6 – la baie de Vigo est un des meilleurs ports du monde fermé de tous côtés par de hautes montagnes couvertes de verdure – c’est un panorama grandiose quand on voit cette baie du haut du fort – Vigo ville assez sale – belle promenade sur le quai – visite du vice-consul M. Patia7 – il nous fournit du charbon et de l’eau – nous partons visiter la ville – qui n’a rien de curieux – au café rencontre du consul M. de Jouffroy8 – il nous conduit chez lui – nous présente sa femme et ses deux filles – invitation à venir passer la soirée le lendemain soir – retour à sept heures –

Mardi 20 mai – nouvelle promenade dans la ville – toujours grand vent – impossible de nous servir de nos embarcations pour aller à terre – la baie est trop agitée – le soir nous allons chez le Consul – on fait de la musique, on chante, mange, boit – Melles de Jouffroy – charmantes surtout la cadette9 – nous prenons congé à 10 heures – questions.

Mercredi 21 mai – Départ de Vigo, beau temps – première nuit potable.

Jeudi 22 mai – arrivée à Lisbonne à midi – visite au Consul10 – Lisbonne grande ville très animée – beaux quais et belles rades – embouchure du Tage – quantité d’églises –

Vendredi 23 mai – Mon oncle et mon père vont faire des visites – Mr Corazzi11, correspondant d’Hetzel offre un grand dîner pour le soir, pendant la journée je vais visiter la tour de Belem – le soir grand dîner – le ministre de la marine12 et plusieurs gens de lettres – très beau dîner – au dessert mon oncle reçoit comme cadeau un plat représentant le fond de la mer – avec un homard et des coquillages – le tout en porcelaine13

Samedi 24 mai – Départ de Lisbonne à 6 heures – très beau temps – nous doublons le cap Saint-Vincent14 – rocher et grotte remarquables – nuit superbe.

Vendredi 27 – Départ de Messine à 9 heures – nous passons au pied du Stromboli – villages – fertilité – végétation – la vigne y pousse – 1000 mètres –

Samedi 28 – Arrivée à Naples à 8 heures – il pleut – port de Naples superbe dominé par le Vésuve – nous mouillons à côté d’un yacht anglais – navire de guerre italien, l’Italia 130 mètres – quatre canons de 100 tonnes – Naples une des villes la plus animée d’Italie [sic] – belles rues – tramways deux quartiers – la Quaia – quartier neuf et donnant du côté de la mer –

Dimanche 29 – Nous visitons la ville en voiture – nous allons voir aussi les choses curieuses aux alentours – le Pausilippe grand tunnel qui reliait Naples à un petit village – la grotte d’eau chaude – grotte du chien – tombeau de Virgile dont l’authenticité est très douteuse – grotte chaude à terre et froide à 1 mètre au-dessus du sol – le soir nous allons entendre la musique sur la place du gouvernement – plusieurs pickpockets essayant de nous refaire notre mouchoir et réussissant même sur papa – villages construits tout autour de la baie de Naples, Lorrenti etc., rues couvertes du macaroni mis à sécher le long des maisons.

Pour poursuivre la lecture, commander

[ Icônographie

Voyage_de_1884



bulletin de la société jules verne

190 Décembre 2015

[ Qui était le comte Sandorf ?

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bulletin de la société jules verne

192 Août 2016

[ Un briseur de tabous hollywoodiens, Jules Verne

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191 Avril 2016

[ TABLE DES MATIÈRES

Page 1 LA RÉDACTION :
Éditorial
Page 2 J-Y. PAUMIER :
L’Assemblée générale du 15 mai 2015 à Nantes
Page 5 Ph. LANGUENEUR :
Le Secret du Minotaure. Le cinquantenaire de la Société Jules Verne à Nantes
Page 13 R. DUCREST de VILLENEUVE :
Mes grand-parents Verne (1928/29)
Page 20 V. DEHS :
MM. Verne père et fils ( avec des inédits de Pierre et Jules Verne )
Page 30 V. DEHS :
Les ascensions de Paul ( et Jules? ) Verne
Page 34 MAURICE VERNE :
Voyage à bord du Saint-Michel (1884)
Page 58 V. DEHS :
Le fond nantais des manuscrits de Jules Verne
Page 64 LA RÉDACTION :
Repère bibliographique 2015
Page 81
Tables des illustrations

[ Éditorial

Le voyage commémoratif par lequel nous fêtons le cinquantenaire de notre association et de son Bulletin nous mènera cette année de Nantes à Amiens. Il commence dans ce numéro tout naturellement dans la ville natale de Jules Verne. Une assemblée générale ordinaire, mais qui était en effet extraordinaire, y a eu lieu en mai 2015, soigneusement préparée par Jean-Yves Paumier et Xavier Noël, avec le soutien appuyé d’Agnès Marcetteau, Olivier Sauzereau et l’équipage de la réplique du Saint-Michel II. Que tous soient chaleureusement remerciés pour l’organisation parfaite de ces journées !

Philippe Langueneur partage ici ses impressions avec tous ceux qui n’ont pas pu y assister. S’ajoutent des textes et documents iconographiques inédits de Jules Verne et de sa famille nantaise, certains complètement inconnus, un autre considéré comme perdu depuis plus de 80 ans, que nous laissons à nos lecteurs le plaisir de découvrir.

L’inventaire des manuscrits archivés à la Bibliothèque municipale de Nantes fait pendant à celui du fonds amiénois (publié dans le dernier numéro) et permettra à tous les verniens intéressés d’initier des recherches plus poussées. Cette liste est suivie par les repères bibliographiques annuels. La rédaction tient à rappeler que vos contributions seront toujours les bienvenues. Dans un futur plus ou moins proche, nous projetons un numéro-canular ainsi qu’un dossier qui sera consacré aux illustrateurs de Jules Verne et nous engageons vivement nos lecteurs à nous soumettre d’éventuelles contributions à ces sujets.

La rédaction.

[ Voyage à bord du Saint Michel (1884)


Par Maurice Verne

Nous savons que Maurice Verne (1862-1947), le deuxième fils de Paul, avait rédigé des notes sur la grande croisière du Saint-Michel en Méditerranée, entreprise en 1884, car Marguerite Allotte de la Fuÿe en avait publié quelques extraits dans sa biographie. Le manuscrit autographe de ce document n’a pas encore été retrouvé, mais Jean Jules-Verne, lorsqu’il préparait la biographie de son grand-père, parue en 1973, en a établi ou a fait établir une copie dactylographiée, actuellement conservée à la Bibliothèque municipale de Nantes1. Vu le caractère spécial de ce texte – il s’agit de notes succinctes non destinées à la publication, puis dactylographiées évidemment à la hâte, nous avons cru opportun de suppléer à l’orthographe en général ainsi qu’à la graphie des patronymes et toponymes en particulier, car des erreurs dues au déchiffrement du manuscrit ou à des fautes de frappe paraissent avoir défiguré le texte original. Nous réservons un [sic] ou une note en bas de page à quelques cas exceptionnels.

Il sera intéressant de comparer le texte suivant avec les notes de Jules Verne, encore en grande partie inédites et qui se trouvent à la Bibliothèque municipale d’Amiens2. La perception des deux voyageurs était manifestement différente voire complémentaire, d’autant plus qu’ils n’ont pas toujours participé aux mêmes excursions. En attendant, nous signalons en note les documents déjà publiés relatifs à ce voyage et les variantes des extraits donnés par Marguerite Allotte de la Fuÿe, qui font preuve, une fois de plus, de la curieuse manière dont elle manipulait ses sources. L’annotation a été établie par Volker Dehs et Jean-Yves Paumier. Les images d’époque illustrant les principales étapes du voyage datent d’entre 1868 et 1930.
La rédaction.


Saint-Michel, yacht de 100 tonneaux – gréé en goëlette – machine = 100 chevaux – vitesse 8 nœuds – propriétaire Jules Verne – Capitaine Ollive – équipage – un second, deux matelots, un novice, un mousse et un cuisinier – machine = un mécanicien et deux chauffeurs – Départ de Nantes le 13 mai 18843 – Passagers = MM. Jules, Paul et Maurice Verne.

Départ de Nantes à 4 heures du matin – le temps est incertain et couvert – arrivée à Saint-Nazaire à 7 heures – nous débarquons le pilote et nous nous mettons en route pour Lisbonne directement – le temps se découvre et devient beau – nous passons devant le phare du Pilier4 point de départ de notre route – toute la journée beau temps mais avec forte houle – ce qui occasionne quelques désagréments, tel que celui du cuisinier vomissant dans les plats – il est obligé d’aller se coucher, et le novice le remplace dans ses fonctions – Le premier jour se passe dans un malaise général – premier jour de mer – nous marchons en moyenne à 8 milles à l’heure, c’est-à-dire 192 milles ou 64 lieues en 24 heures – toute la journée la houle n’avait fait qu’augmenter – aussi le soir après le coucher du soleil, le vent s’élève et commence à souffler – vers 10 heures la situation commence à s’aggraver, la mer commençait à être démontée et le vent prenait d’instants en instants une intensité plus grande, ce que voyant mon père il fit virer de bord et nous mettons le cap sur Belle-Île – nous étions alors à 120 milles au large – La nuit fut très mauvaise et le bateau quoiqu’appuyé par ses voiles roulait d’une manière épouvantable.

Mercredi 14 mai 1884 – Le matin l’état de la mer était épouvantable à voir, à chaque coup de roulis nos embarcations touchaient la mer – le vent soufflait de l’Ouest – le bateau s’est néanmoins très bien comporté il n’a pas embarqué une goutte d’eau – à 30 milles de Belle-Île rencontre d’un pilote qui essaie de nous fuir, mais en vain – selon lui le vent était une brise à trois ris – c’est-à-dire un coup de vent d’Ouest – à midi nous mouillons devant Belle-Île pour attendre la marée – à 4 heures nous rentrons dans le port –

Jeudi 15 mai – Nous passons la journée à Belle-Île – promenade au phare par une chaleur tropicale – Constipation générale – absorption d’une grande quantité de lait pour faire couler – résultat très détonnant –

Vendredi 16 mai – Départ de Belle-Île à sept heures non sans peine, car étant dans les marées mortes nous n’avions plus assez d’eau pour franchir la souille faite par la quille du navire – beau temps avec houle – un poulet s’échappe et tombe à la mer – le soir nous arrivons aux Sables-d’Olonne, nous y passons la nuit – femmes courtes vêtues, épaules très hautes, sans cou.

Samedi 17 mai – départ des Sables d’Olonne – beau temps pendant toute la journée ; bielle s’échauffe, le robinet d’arrosage étant cassé. Le soir nous apercevons les côtes d’Espagne qui se voient de très loin vu leur grande hauteur – après le coucher du soleil la brise fraîchit – nous mettons les voiles, mais une heure après nous sommes obligés de la carguer le vent commençant à souffler avec violence du nord – pendant la nuit qui fut mauvaise nous doublons le cap Finistère, nous arrivons devant La Corogne, mais il nous fut impossible d’y entrer pendant la nuit ; la mer étant démontée nous ne pouvions rester là pour attendre le jour, aussi nous filons sur Vigo.

Dimanche5

Lundi 19 mai – Nous avions vent arrière, la machine n’étant qu’à deux dixièmes. J’étais obligé de m’arcbouter dans mon lit pour ne pas tomber – le matin nous nous approchons de la côte pour reconnaître l’entrée de la baie de Vigo ; fermée par trois îles – enfin nous atteignons l’entrée où nous prenons un pilote. La mer était si forte que même dans la baie nous roulions encore – à 1 heure nous jetons l’ancre devant Vigo6 – la baie de Vigo est un des meilleurs ports du monde fermé de tous côtés par de hautes montagnes couvertes de verdure – c’est un panorama grandiose quand on voit cette baie du haut du fort – Vigo ville assez sale – belle promenade sur le quai – visite du vice-consul M. Patia7 – il nous fournit du charbon et de l’eau – nous partons visiter la ville – qui n’a rien de curieux – au café rencontre du consul M. de Jouffroy8 – il nous conduit chez lui – nous présente sa femme et ses deux filles – invitation à venir passer la soirée le lendemain soir – retour à sept heures –

Mardi 20 mai – nouvelle promenade dans la ville – toujours grand vent – impossible de nous servir de nos embarcations pour aller à terre – la baie est trop agitée – le soir nous allons chez le Consul – on fait de la musique, on chante, mange, boit – Melles de Jouffroy – charmantes surtout la cadette9 – nous prenons congé à 10 heures – questions.

Mercredi 21 mai – Départ de Vigo, beau temps – première nuit potable.

Jeudi 22 mai – arrivée à Lisbonne à midi – visite au Consul10 – Lisbonne grande ville très animée – beaux quais et belles rades – embouchure du Tage – quantité d’églises –

Vendredi 23 mai – Mon oncle et mon père vont faire des visites – Mr Corazzi11, correspondant d’Hetzel offre un grand dîner pour le soir, pendant la journée je vais visiter la tour de Belem – le soir grand dîner – le ministre de la marine12 et plusieurs gens de lettres – très beau dîner – au dessert mon oncle reçoit comme cadeau un plat représentant le fond de la mer – avec un homard et des coquillages – le tout en porcelaine13

Samedi 24 mai – Départ de Lisbonne à 6 heures – très beau temps – nous doublons le cap Saint-Vincent14 – rocher et grotte remarquables – nuit superbe.

Vendredi 27 – Départ de Messine à 9 heures – nous passons au pied du Stromboli – villages – fertilité – végétation – la vigne y pousse – 1000 mètres –

Samedi 28 – Arrivée à Naples à 8 heures – il pleut – port de Naples superbe dominé par le Vésuve – nous mouillons à côté d’un yacht anglais – navire de guerre italien, l’Italia 130 mètres – quatre canons de 100 tonnes – Naples une des villes la plus animée d’Italie [sic] – belles rues – tramways deux quartiers – la Quaia – quartier neuf et donnant du côté de la mer –

Dimanche 29 – Nous visitons la ville en voiture – nous allons voir aussi les choses curieuses aux alentours – le Pausilippe grand tunnel qui reliait Naples à un petit village – la grotte d’eau chaude – grotte du chien – tombeau de Virgile dont l’authenticité est très douteuse – grotte chaude à terre et froide à 1 mètre au-dessus du sol – le soir nous allons entendre la musique sur la place du gouvernement – plusieurs pickpockets essayant de nous refaire notre mouchoir et réussissant même sur papa – villages construits tout autour de la baie de Naples, Lorrenti etc., rues couvertes du macaroni mis à sécher le long des maisons.

Pour poursuivre la lecture, commander

bulletin de la société jules verne

190 Décembre 2015

[ Qui était le comte Sandorf ?

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192 Août 2016

[ Un briseur de tabous hollywoodiens, Jules Verne

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Voyage_de_1884

Panorama de Naples dominé par le Vésuve.

Photographie par Achille Mari, Napoli, au format cabinet, portant au verso la date manuscrite du 18 octobre 1878. Coll. Dehs